El Hadj Thiaw, un polytechnicien qui tutoie les ondes à la Sonatel
“Petit génie”. C’est le sobriquet que lui avait collé son professeur de philosophie en classe de Terminale S2 au Lycée Moderne de Rufisque à l’issue de la composition du premier semestre. Il était classé premier. Brillant, bosseur et peu bavard, Thiaw, comme l’appellent ses amis, est reçu à l’examen du Bac avec la mention Assez Bien. C’était en 2005. Le jeune homme venait de réaliser un parcours sans accident. Enfin ! si. Après quelques semaines de cours en Terminale S1 (Sciences Exactes), il a dû virer à 180 degrés et s’est retrouvé en S2 (Sciences Expérimentales) pour, dit-on, “fuir les mathématiques”. Il explique « J’ai galéré en classe de Première S1. Les maths c’était quand même difficile pour moi. Et comme je visais la mention au Bac, j’ai préféré aller en S2 ou c’était plus facile.” Un petit génie qui n’a pas la bosse des maths alors !
La galère, il la retrouve durant ses deux années passées à l’Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar (ESP). Il raconte : “Comme tout bachelier, j’étais obsédé par la poursuite des études à l’étranger. Malheureusement ça ne s’est jamais concrétisé. Je me suis finalement inscrit en DUT (Diplôme Universitaire de Technologie) à l’ESP. Je croyais que la galère était derrière moi. Je ne savais pas que j’allais passer deux rudes années au Département de Génie Electrique.” En effet, à en croire le jeune homme de 25 ans, le rythme y est infernal. Volume horaire insupportable, une armée de matières à apprendre, le tout dans une rigueur érigée en règle numéro 1. Mais l’avantage, dit-il, c’est qu’on peut s’adapter à n’importe quelle situation en entreprise.
Le DUT en poche, ce supporter de Baye Mandione (lutteur sénégalais) n’a pas connu le chômage. Il doit ce privilège au hazard mais aussi et surtout à ses résultats : “ Sonatel [Société nationale de communication sénégalaise] a contacté l’école pour demander la liste des admis en DUT et l’entreprise nous a appelés”. Un premier entretien avec la direction puis un second et le voilà recruté en tant que technicien supérieur en janvier 2008. Il venait de terminer ses stages à la Société Industrielle de Papeterie au Sénégal (SIPS) et au Consortium D’entreprises (CDE). Il est ainsi affecté au Centre de Gandoul (50 kilomètres de Dakar) où il est chargé de l’exploitation, la maintenance et la supervision des systèmes de transmission par satellite de la Sonatel. Un boulot qu’il juge “pas facile” car étant sollicité même en dehors des heures de travail. Mais la préparation qu’il a reçue à l’ESP lui permet de s’habituer rapidement à toutes les épreuves. Cependant, selon le “sonatelien” à la frêle silhouette, les enseignements à l’EPS sont un peu en déphasage par rapport aux réalités des entreprises. Il estime que les programmes doivent être revus et corrigés afin de mieux les adapter à l’évolution rapide de la technologie.
D’ailleurs, en décembre 2010, il s’envole pour Tel-Aviv en Israel pour y subir un stage formation sur les VSAT, une technique de communication par satellite qui utilise des antennes paraboliques de diamètre inférieur à 3 mètres. Un (petit) Génie Electique en Télécoms ! Est-ce compatible? Il assure et rassure : “Comme je te l’ai dis, quelqu’un qui a fait Génie Electrique peut évoluer dans tous les domaines de la technique. Et puis, quoi qu’on dise, l’électronique est la base des télécommunications”. Et la place de l’anglais dans son travail ? “Le travail ne peut se faire sans un bon niveau en anglais. En plus de la documentation qui est très souvent écrite dans cette langue, nous sommes obligés de l’utiliser avec nos fournisseurs étrangers qui ne parlent pas français.” Il conseille à ses jeunes frères de l’ESP de sauvegarder l’image de marque de l’école et de se faire respecter pour leur savoir et savoir-faire une fois sortis.
Côté personnalité, ce fan de Frank Lampard (footballeur évoluant à Chelsea) est drôlement sympa et simplement drôle. Il adore les blagues et aime créer l’ambiance autour de lui. Tant et si bien qu’il avait surnommé une de ses anciennes camarades de classe “la vache qui rit” à cause de son obésité et son air jovial. Une amie à lui témoigne : “ Thiaw est plutôt quelqu’un d’intelligent mais qui boude assez vite. Il est sympa et très spontané”.
El Hadj Thiaw est en couple actuellement. A quand le mariage ? Il se fixe un délais : “dans deux ans maximum”. Autant dire alors que sur ce point là, lui et son âme soeur émettent sur la même longueur d’onde.
Par @rons3
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